Éditorial

Prescriptions BSI : une victoire sur la forme… et sur le fond ?

Après la satisfaction et le soulagement pour nos consœurs et confrères de la Dordogne qui vivent un véritable harcèlement administratif avec leur CPAM – et ce n’est malheureusement pas un cas isolé, qu’en est-il vraiment sur le fond ?
 
Car sur la forme, la caisse locale a bel et bien été désavouée et recadrée par sa hiérarchie. Les actions de l’Onsil ont donc été fructueuses.
 
Rendre les idels responsables des prescriptions, menaces à l’appui, relève de l’acharnement administratif pur et simple.
 
Une prescription avec le simple libellé « BSI » quand celui-ci est clairement mentionné dans la nomenclature et que cet outil permet la prise en charge d’une personne dépendante, est parfaitement identifiable et la CPAM de Périgueux n’avait d’autre raison que de mener la vie dure aux idels. On ne voit que ça pour expliquer ses exigences irrecevables.
 
Voilà pour la forme. Mais sur le fond, la décision de la CNAM peut quand même interroger.
 
Elle précise en effet : « La prescription doit clairement faire référence à des soins infirmiers pour patient dépendant à domicile et peut prendre plusieurs libellés : soins infirmiers pour dépendance à domicile, toilette, nursing, BSI, etc. ».
 
Seulement voilà, d’un point de vue professionnel, la « toilette » n’est pas un acte de soins infirmiers. Clairement, non.
 
Nous avons une qualification et un cursus validé par un diplôme d’État, avec un rôle propre que nous ne voulons pas lâcher et qui nous identifie dans nos missions.
 
 
« Dans le cadre de son rôle propre, l’infirmier ou l’infirmière accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle
de son entourage :
Soins et procédés visant à assurer l’hygiène de la personne et de son environnement ;
Surveillance de l’hygiène et de l’équilibre alimentaire (…) ».
 
Concernant l’hygiène, nous prodiguons bel et bien des soins avec toutes les dimensions infirmières : l’observation, la surveillance, la prévention, le dépistage, l’analyse et l’évaluation, grâce aux diagnostics infirmiers que nos aïeules se sont évertuées à inventorier et promouvoir. Ne bradons pas cet héritage.
 
Pour faire de simples toilettes, il existe d’autres professionnels.
 
Et quand la CNAM liste les libellés des prescriptions qu’elle reconnaît, elle prend soin d’ajouter un « etc. » qui, s’il ouvre une permissivité administrative certes bienvenue, peut aussi inquiéter.
 
Va-t-elle en effet accepter certaines prescriptions honteuses que l’on voit parfois : « toilettage », « aide à l’habillage et au déshabillage »… ?
 
Il appartient aux professionnels de défendre notre rôle propre déjà grignoté de toutes parts, de se l’approprier en n’acceptant pas les prescriptions dégradantes qui nous desservent. Notre exercice est suffisamment ignoré, menacé et dénigré par les Pouvoirs publics.
 
L’Onsil demandait un strict respect de la nomenclature avec les libellés « BSI » ou « soins infirmiers à domicile pour un patient en situation de dépendance ». Le contenu, c’est à nous de le définir, pas au prescripteur et encore moins à un organisme d’assurance.
 
Nous encourageons donc les idels à n’accepter que des prescriptions conformes à nos missions et notre rôle propre. C’est comme cela que nous sortirons de nos difficultés : par le haut.

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