Édito

Quand la Fni s’adresse à tous… sauf aux idels

Dans un long interview (1) dont on ne voit pas la fin, le Président de la Fni s’exprime.
 
On ne se lasse pas de son discours sur le réalisme et le pragmatisme mais la suffisance du propos nous laisse de marbre.
 
On est quand même fatigués de l’entendre répéter à l’envi que seules ses propositions sont crédibles et les nôtres « hors sol » : merci mais on a déjà compris et il faudra réellement chercher autre chose.
 
Autre chose pour convaincre les idels de terrain, entend-il ? : « de terrain », qui sont épuisé-es. Ce terme, vous ne l’entendrez jamais dans sa bouche : que connaît-il du terrain et de la réalité des professionnels que nous sommes ? Assurément rien. La crise sans précédent des idels, lui la voit comme un « malaise »… Nous l’invitons à se joindre aux actions dans la rue pour entendre ce que nous vivons au quotidien dans nos tournées de soins.
 
Pour nous assurer qu’il est un expert, il se gargarise de perles techniques, de termes savants qui ne galvanisent plus personne. La Fni prendrait-elle les idels pour ses brebis ?
 
Mais, malgré cette logorrhée purement esthétique, nous n’oublions pas que la Fni est aussi comptable de la souffrance largement exprimée par les idels qu’il ne ressent manifestement pas.
 
Il positionne sa fédération comme le seul syndicat « lucide » et « conventionnaliste ». Outre l’arrogance, on lui rétorque que nous sommes tous attachés au conventionnement, au système de protection sociale que nous défendons malgré les doutes qu’il sous entend, et qu’il est loin d’être le seul à pouvoir négocier avec l’assurance maladie.
 
Parler pudiquement de la « réingeniérie » quand d’autres parlent de mutation nous fait croire en des lendemains meilleurs quand il ne va s’agir que d’une hyper spécialisation qui en laissera plus d’un-e sur le carreau. La population veut simplement des soignants sans stress et sans pression extérieure en face d’elle.
 
Sa dernière phrase trahit cependant ce que personne ne croit plus : « Et, contrairement à ce que certains aiment à dire, ce discours est tout à fait audible par nos consœurs et confrères. L’augmentation régulière du nombre de nos adhérents en atteste ».
 
Permettez-nous d’en douter et cette toute dernière affirmation en fin d’interview dénoterait-elle une fébrilité et une erreur dans sa communication ?
 
La Fni ne s’adresse en fait dans son discours qu’au Gouvernement et à la Cnam.
 
Elle est lourdement isolée après la défection du Sniil, l’allié historique. Cet isolement et la fuite des adhérents que nous connaissons ne lui laissent pas le choix.
 
Il faut d’abord publier – et certainement payer, une lettre ouverte au Président de la République dans la presse régionale avec des revendications que nous ne lui connaissions pas, mais elle est douée pour la récupération, et enfin faire un appel du pied à la Cnam.
 
En d’autres termes, les idels ne l’intéressent pas. Elle s’adresse avant tout aux Pouvoirs publics et aux tutelles en leur disant : je vous soutiens alors offrez-moi une victoire. Et une porte de sortie de cette crise qu’elle n’envisageait pas aussi puissante et tenace.
 
Mais c’est sans compter sur les idels justement. Plus personne n’est dupe et nous n’oublierons pas que, selon un représentant Urps Fni, nous ne sommes pas des « Cosette », propos relayés par le Ministre avec sa sortie sur le « misérabilisme ».
 
Avec le mouvement qui déferle et à l’approche de la grande manifestation de Paris le 4 avril prochain, nous savons que la Fni n’est pas de notre côté. Et c’est historique.
 
 

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