Parole d'adhérent

Témoignage touchant : mon ami le plus cher, c’est mon TLA.

Figurez-vous que les idels n’ont pas de LBD pour effrayer ou intimider.

Elles ont mieux dans leur poche : un TLA.

Et ce petit appareil de plus en plus léger, presque invisible grâce aux progrès de l’ingénierie, s’est transformé en une véritable machine à sous.

J’aime trop le fric et j’ai choisi d’être Idel pour ça, on me l’avait bien dit.

Oui, je terrifie mes patients et en particulier les plus âgés en dégainant mon TLA et ça marche. La preuve j’ai fait fortune et mon banquier est tellement satisfait. Je suis plein aux as.

Mécontent de ne pas pouvoir facturer à taux plein tous les actes que je fais car la réglementation m’impose de compter le second à demi tarif et tous les autres gratuits, mon TLA lui s’en fout carrément. Je lui dis « y’a pas de raison compte-moi tout ça à taux plein c’est quand même la moindre des choses non ? ».

Pareil pour les actes qu’on me prescrit à 12 heures d’intervalle mais que la CPAM me dit de faire juste avant l’heure du tarif de nuit pour ne pas l’appliquer. Je ressors mon TLA qui clignote et terrifie – je vous jure, mes patients qui sortent en baissant les yeux leur carte vitale dès que je les regarde. Sans me fixer bien sûr.

Mon TLA et moi on n’épargne personne.

Avant on avait les aiguilles pour impressionner, c’est dépassé. Vive la technologie c’est l’avenir.

Depuis que la sécu me paye moins quand je prends en charge des patients lourds et bien ni une ni deux je leur colle des actes que je ne devrais pas facturer et là je vous assure j’ai dû envoyer mon TLA à la maintenance tellement il chauffait dans ma poche.

Il m’a tellement manqué : j’avais peur de ne pas retrouver le même.

J’ai les dents longues et le fric me ferait presque oublier les soins. C’est ballot non ?

Je suis tellement paumé dans cette nomenclature avec tous ces actes que j’y comprends que dalle. C’est bien simple je ne cherche même plus à comprendre, je sors mon TLA chéri et je cote, je cote… comme ça je ne risque pas d’oublier même ce que je ne fais pas. Basta !

Mon adrénaline m’imprègne tellement que je suis dans un état second et je délire grave : j’implore Monsieur Fatome en me prostrant devant lui dans une transe inqualifiable pour qu’il ne change rien dans ce système qui m’est si favorable.

C’est l’extase, le Nirvana.

« Merci ! Encore ! Sors-nous encore des trucs tellement tordus » lui dis-je tant nos rapports sont si chaleureux et si confiants. Je suis presque amoureux de lui. Enfin moins que de mon TLA…

Mes patients impressionnés par tant de bonheur en oublient la menace du TLA et me demandent dans un élan irréfréné : « mais c’est qui ce Monsieur Fatome ?». Ben le trop généreux directeur de l’assurance maladie pardi ! Avec lui c’est Noël tous les jours. Vous, vous ne le connaissez pas mais il est tellement attentif à moi et mes collègues qu’on est touché directement au cœur par tant d’attentions…

Alors quand je lis cette enquête du Monde sur la fraude qui fait la une de tous les médias je me dis quand même que je fais un métier passionnant et surtout grassement payé.

Les journalistes ont raison, faut pas trop pousser quand même.

Depuis qu’on m’a pris pour un héros avec le Covid – mdr, je me sens tout puissant et je facture, je facture c’est dingue.

Bref pour conclure : la carte vitale et le TLA : le moyen le plus sûr de s’enrichir. Faites-le savoir mais discrètement quand même.


Parole d’adhérent Onsil Occitanie.

D’autres articles qui
pourraient vous intéresser