Prescription/Vaccination : l’assurance maladie nous en dit plus ... enfin, si on veut !

Ces élargissements de nos compétences ne nous conviennent pas. Elles ne sont pensées ni pour nous, ni en regard de nos missions du rôle propre. Il n’y a aucune perspective réelle de santé publique. Ce sont juste des mesurettes sans envergure où nous avons toujours une concurrence sur notre route.

Le 10 août dernier, nous apprenions l’élargissement de nos compétences selon les recommandations de la Haute Autorité de Santé.

Rappelons brièvement que nous pouvons prescrire et injecter tous les vaccins du calendrier vaccinal à la population de plus de 11 ans.

Les personnes immunodéprimées ne peuvent toutefois faire l’objet de nos prescriptions pour des vaccins à virus vivants atténués.

Cette activité de prescription est soumise à formation d’au moins 10h30 si notre formation de base en IFSI en était dépourvue.

Elle doit aussi être déclarée à l’Ordre dès lors que la condition de formation est remplie.

L’assurance maladie vient d’en publier les cotations *.

Nous n’allons pas être plus pédagogues sur le sujet, les précisions de la sécu sont assez claires.

Seulement, quelques réflexions s’imposent si on essaie d’être pragmatique.

Déjà, qui sait – et on est preneur de tout renseignement, depuis quelle date les études de base incluent une formation aux vaccinations, et sur quelles critères répond-elle suffisamment à ceux déjà parus pour une mise à niveau obligatoire pour prescrire les vaccins ?

Certains d’entre nous qui ont de la bouteille assurent qu’au cours de leurs études au début des années 80, on évoquait bien les vaccins.

Qui va donc apprécier cela et quelle est la responsabilité de l’infirmière qui va de bonne foi penser que sa formation en IFSI est suffisante et se déclarer prescriptrice à l’Ordre ?

Dans quelles situations va-t-on être amenés à prescrire ?

On imagine qu’on pourra interroger nos patients au cours de séances déjà prescrites pendant nos tournées.

Mais alors pourquoi encore tourner autour du pot ?

Pourquoi ne pas instaurer cette consultation infirmière qui semble maudite et dont on pense que nous en sommes bien incapables.

Tous les garde-fous qui sont déployés à chaque nouvelle « compétence » nous le prouvent assez !

Il y aura donc deux temps :

  • celui de la prescription du produit (qui sera donc un acte gratuit et bénévole)
  • et celui de l’administration avec la cotation appropriée.
 

Qui nous dit que le patient reviendra vers nous ?

Qui seront les principaux bénéficiaires de ces mesures, comme c’est le cas pour la vaccination anti grippe (et déjà dans les médias ils ont été interviewés) ?

En allant chercher sa prescription chez le pharmacien, nul doute que le patient qui se verra proposer l’administration de son vaccin dans l’officine y trouvera un confort certain.

Ces élargissements de nos compétences ne nous conviennent pas. Elles ne sont pensées ni pour nous, ni en regard de nos missions du rôle propre. Il n’y a aucune perspective réelle de santé publique. Ce sont juste des mesurettes sans envergure où nous avons toujours une concurrence sur notre route.

Déjà la vaccination anti grippe a fondu comme neige au soleil dans nos cabinets depuis l’élargissement aux pharmaciens et le tapage médiatique en leur faveur. Nous n’avons rien contre cette profession mais ils ont l’oreille des tutelles et nos instances représentatives, elles, ne font qu’enregistrer et passer l’information sans analyse et critique profonde.

C’est usant.

L’Onsil demande encore et toujours la consultation infirmière dans la ngap, tous les actes du rôle propre dans la ngap, donc rémunérés et remboursés.

 

Elisabeth Maylié,

Responsable Onsil Occitanie.

https://www.ameli.fr/lot/infirmier/exercice-liberal/service-patient/vaccination-par-infirmier

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