« Lettre ouverte aux syndicats majoritaires », un témoignage qu’il faut entendre.

Avec l’accord de son auteur - et nous l’en remercions bien chaleureusement, nous le publions in extenso.

Une de nos adhérentes nous a fait parvenir le témoignage d’un Idel paru sur les réseaux sociaux, que nous avons lu avec la plus grande attention. Et le plus grand intérêt.

Il reflète l’état d’esprit des idels qui participent actuellement aux différentes actions que l’Onsil soutient.

Nous ne pouvons qu’être d’accord avec tout ce qui y est dit et argumenté.

Avec l’accord de son auteur – et nous l’en remercions bien chaleureusement, nous le publions in extenso.

« Lettre ouverte aux syndicats majoritaires,

Mesdames et Messieurs « représentants » syndicaux majoritaires des IDEL, chers collègues,

Vous n’êtes probablement pas sans remarquer la multiplication des mouvements multiples et sporadiques sur tout le territoire français qui témoigne d’un certain agacement des professionnels de santé paramédicaux, et pas n’importe lesquels, ceux que vous représentez.

A contrario, ses hommes et ses femmes dévoués cherchent toujours après leurs représentants officiels.

Au mieux silencieux, au pire offensants, forts de votre statut hégémonique administrativement mais faible de confiance de toute une profession, il semblerait à mon sens que selon vous, il y aurait une caste de penseurs pour pléthore de panseurs. Mais au risque de vous surprendre, l’Art Infirmier est chimère, les panseurs doivent et savent penser.


Loin de moi l’idée de venir jouer ma Cosette, à ce titre, je précise à l’auteur de celui qui a voulu faire un bon mot, que s’il avait les capacités ou le courage de lire l’Oeuvre d’Hugo jusqu’au bout il aurait compris que l’histoire se termine par des drames sur une barricade. Visiblement le sens social et humaniste du roman lui a échappé.


Or loin de maîtriser vos troupes, vous préférez les ignorer en vous enorgueillant de miettes obtenues pour les indemnités de déplacements et un BSI bancal qui reste une épée de Damoclès que vous avez offerte à l’administration qui maîtrise à 100% l’algorithme et les clauses de révoyure sur notre rôle propre. Rôle propre qui n’a donc plus lieu d’être puisqu’il dépend d’une ordonnance médicale. Un bel aveu de perfidie et de parjure de votre part.


Faut il vous rappeller que le syndicat majoritaire qui propagande partout son autosatisfecit, n’est majoritaire qu’avec à peine 11400 votes aux dernières élections URPS … sur 135 000 IDELS conventionnés. Soit moins de 9% d’entre eux.


L’honnêteté intellectuelle serait d’admettre que vous ne représentez rien de plus. Pour cela il faudrait un peu d’humilité et sortir des pensées simplistes, dogmatiques et cotonneuses.


On peut analyser ces chiffres par la pensée complexe et se demander si les IDELS ne sont pas eux mêmes responsables avec plus de 80% d’abstentionnistes aux élections URPS, certes mais la dessus vous traitez les conséquences et non leurs causes. Vous soignez des symptômes et non la maladie.

Car l’introspection et l’honnêteté poussent à se demander pourquoi les syndicats ne séduisent que si peu de professionnels pourtant investis 7jours sur 7 et 365 jours par an. Votre remise en question est impérative.


On peut aussi suggérer que les IDELS naviguent dans un monde administratif et financier qu’ils ne maîtrisent pas. Certes, mais là encore quand un syndicat majoritaire riche de 70 ans d’expérience est à la tête d’une profession qui navigue à vue, c’est un aveu de faiblesse et d’échec.


On pourrait également argumenter que les revendications des collectifs sont inadaptées ou incohérentes. Certes, mais cela témoignerait de l’absence totale de dialogue mais surtout de pédagogie entre les professionnels et leurs représentants. Quand on travaille dans l’humain, cela s’appelle de l’incompétence.
Défendre la profession, c’est défendre sa pérennité, ce n’est pas une vision de colmatage à court terme. Des propositions ambitieuses existent et ce que réclame avant tout chaque IDEL c’est d’être considéré par les institutions et par leurs représentants directs.


Il est heureusement légitime d’avoir des avis divergents, de marquer son désaccord, d’argumenter sur les tenants et les aboutissants, et les syndicats sont dans leurs droits d’exprimer leurs logiques et le fondement de leurs pensées. Mais il est inacceptable d’arborer une posture aussi méprisante, de rester insensible et sourd face à la colère des troupes qui grondent. Défendre une professsion, n’est pas défendre un statut.


C’est pourquoi lors des prochaines élections URPS, je mènerai personnellement une bataille au sein des collectifs pour évincer les syndicats qui refusent ne serait-ce qu’un minimum de soutien moral aux mouvements de protestation.


Fort de plus de 17 000 IDELS sur les réseaux sociaux et de presque 4000 adhérents à ce jour, le collectif portera une participation sans précédent aux élections et fera basculer une représentation trop confortable et ego centrée.


J’en appelle à la cohésion, au dialogue, à la pédagogie et au réveil. Vous êtes seuls à la table des négociations, ce sont les règles du jeu qui visiblement vous complaisent. Alors plutôt que de traiter vos relations avec les hautes instances car les propos du directeur général de la Cnam, Mr Thomas Fatôme, lors d’une matinale radiophonique « nos relations avec les syndicats des infirmiers libéraux sont excellentes » sonnent comme une trahison, je vous invite à prendre soin de la base invisible, « de ceux qui ont permis à la France de rester debout durant la Covid… souvent ignorés et si mal rémunérés … il faudra s’en souvenir » selon le Président de la République dans une allocution officielle télévisée.

Voilà ce que j’attend des négociations, de vos propos et vos discours médiatiques. De la reconnaissance et du respect, pas de réthorique neuro linguistique, ça suffit. Il faut maintenant mettre nos décideurs face à un vrai choix de société: le vieillissement et la santé sont-ils toujours des missions de service public ou sont-ils réduits à un business répondant aux dures lois du marché ?


Notre métier c’est l’écoute, l’analyse et l’action.
Faites donc preuve de valeurs professionnelles, parce soigner les autres efficacement c’est avant tout prendre soin de soi.


Sébastien Langlois, infirmier libéral en colère ».

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